Comme chaque été, dans le sud de la France, les incendies recommencent. Un mégot mal éteint, un barbecue qui tourne mal, ou un pyromane en mal de spectacle, et les flammes attaquent la forêt desséchée
Pour stopper un incendie, un seau d'eau suffit la première minute, mais au bout de dix minutes, il faut une tonne d'eau. La vitesse de propagation peut aller de 20 à 50 mètres par minute selon le vent et le type de végétation, le maquis ou la garrigue, sont particulièrement exposés. Les broussailles, les arbustes desséchés, et certaines plantes aromatiques, qui exhalent des essences volatiles, sont très inflammables
Dès qu'un départ de feu est signalé, une équipe d'intervention est envoyée sur place par le CODIS (Centre Opérationnel Départemental d'Incendie et de Secours). C'est lui coordonne l'ensemble des moyens de lutte et de secours, Chaque équipe est composée de 17 pompiers et d'une réserve d'eau de 17 000 litres. Selon les priorités, un "groupe d'attaque" part directement à l'assaut du feu ou protège les éventuelles habitations
Les sautes de feu sont la hantise des pompiers. Des morceaux de feuilles ou brindilles enflammées sont transportés par le vent, et peuvent déclencher un nouveau départ de feu plusieurs centaines de mètres plus loin
55% des départs de feu ont une origine indéterminée. C'est souvent l'imprudence ou la négligence de promeneurs qui est en cause. Les peines encourues vont jusqu'à dix ans d'emprisonnement et 75 000 euros d'amende
Si les grands feux de plus de 1000 hectares ne représentent que 0,16% du nombre de feux, ils totalisent en revanche 39% des surfaces brûlées. La rapidité d'intervention est donc déterminante dans l'arrêt d'un incendie, Le vent qui change, un retour de flammes, et on peut vite se retrouver encerclé par les flammes. En 2003, 10 personnes dont 4 pompiers ont laissé leur vie dans les incendies de forêt. Chaque année, les incendies coûtent entre 100 000 et 300 000 euros à l'Etat, pour l'achat et la location d'appareils, le reboisement... Les collectivités locales financent le reste, à raison d'environ 50 euros par an et par habitant
Pour un feu de plus de 100 hectares, l'intervention des canadairs est indispensable. L'Etat dispose de 11 de ces avions (dont un s'est écrasé le 1er août dernier), en plus des trackers (avions bombardiers d'eau) et des hélicoptères
Les camions-citernes se rechargent dans les rivières environnantes, mais dans les zones résidentielles, ils peuvent aussi utiliser les piscines : un bassin de 30m3 d'eau équivaut ainsi à la capacité de 5 canadairs ou de 10 engins d'incendie, Les canadairs sont des hydravions qui effectuent leur remplissage en vol. D'une capacité de 6000 litres, ils font le plein sur des plans d'eau à proximité. L'écopage s'effectue en moins de 10 secondes à une vitesse de 110km/h
Certaines maisons contruites au milieu de la forêt sont très difficiles à protéger. Dans les zones à risque, le débroussaillage est obligatoire sur une distance de 50 mètres autour des habitations.
Il faut attendre plusieurs dizaines d'années avant que la forêt retrouve son aspect d'origine. Plus l'incendie a été puissant, plus il a atteint les couches profondes du sol. Les herbacées seront les premières à reconquérir le territoire
Paradoxalement, les incendies peuvent aussi favoriser la régénération naturelle. Sous la chaleur du feu, les pommes de pain s'ouvrent et libèrent leurs graines. Tout doucement, la vie reprend alors ses droits...